Titre : Alerte enlèvement

Date : 23 mai 2009

Article N°37

Je ne vais pas reprendre le détail de l’opération de police ayant contribué à l’arrestation et à l’interrogation de deux enfants de 6 et 10 ans au commissariat de Florac en Gironde. Le Web et les médias sont bien plus pertinents que ces quelques lignes. Juste un avis pour m’associer à ceux qui, comme moi, ont été choqués de cet incident.

Soupçonnés de vol de vélos suite à un dépôt de plainte, ces deux gosses ont été interpellés mardi 19 mai, à la sortie de leur école.

Comme de nombreux citoyens, le procédé utilisé m’a sensiblement énervé. Deux voitures, six policiers pour cette interpellation ! Plus facile de s’attaquer à des pré-ados que de s’attaquer aux bandes de dealers.

Excès de zèle pour certains, faire du chiffre pour d’autres. Peut importe le motif, le procédé est totalement démesuré en regard de la menace. Cela devient du n’importe quoi !

Et en ce matin du 23 mai (soit quatre jours après les faits), je n’ai toujours pas entendu la Super Woman du Ministère de l’Intérieur faire amende honorable du procédé (alors que la majorité UMP s’est déjà démarquée : je salue ce geste !). Notre MAM avait été plus prompte à réagir lors de l’arrestation de Monsieur Julien Coupat et de ses « complices », accusé d’actes de terrorisme sur des lignes de TGV. Les fameux complices ont été relâchés depuis bien longtemps.

Par contre, j’ai entendu, jeudi 21 mai, le discours à la presse du directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Monsieur Albert Doutre. Ce monsieur fait très fort : aucun doute, regrets, remords sur la procédure utilisée. Une suffisance insolente et indécente pour moi ! Alors que par ailleurs, j’ai entendu un juriste préciser que pour un enfant de 6 ans, il était interdit de l’emmener dans un commissariat et qu’il devait être ramené à ses parents avant toute autre démarche. La procédure aurait donc été si bien respectée Monsieur Doutre ? A moins que mes sources d’informations soient peut être biaisées.

Il y a peut être eu vol de l’un des deux vélos (attendons le résultat de l’enquête), mais quand même ! Toute personne un peu sensée aurait préféré un contact plus discret et « humain » avec les parents par exemple. Voir, y associer un (ou des) représentant(s) de l’établissement scolaire. Bien que pour cette dernière proposition, je ne voudrais que l’on mette les professeurs ou responsables d’établissements scolaires, en porte à faux vis à vis de délits qui ne les concernent pas directement, puisqu’en dehors de leur établissement.

Je vois déraper de plus en plus cette société. Le dialogue, les tentatives de médiation n’ont plus leurs places. On accède directement aux autorités policières et judiciaires sans discernement de la nature et gravité de l’acte commis. Que personne ne s’étonne de l’état d’esprit d’exclu qui habite certains jeunes !

Je crois que ce n’est pas ce genre de méthode qui va réconcilier les Français avec la police. La psychologie n’est pas la vertu première attendue de ces représentants de l’ordre. Pour montrer un peu d’objectivité, ce n’est pas essentiellement de leur faute mais plutôt celle des instances ministérielles qui insidieusement forcent à la culture du résultat et peu importe les moyens.

Exemples passés, la fouille des cartables dans une classe pour une recherche de drogue. Belle image pour les élèves et qu’elles conséquences psychologiques vont-ils garder de ce genre de dérapages ? Rappelons également les cent euros d’amende de la personne qui avait crié à deux représentants de l’ordre qui contrôlaient des jeunes à la gare St Charles de Marseille « Sarkozy, je te vois »… Bienvenue à Gattaca…Film d’anticipation d’Andrew Niccol de 1997, prémonitoire de ce que pourrait devenir notre Société future?

Enfin, attendons les résultats de l’enquête interne diligentée par notre super Ministre de l’Intérieur. Bien que l’on puisse douter parfois, des résultats de telles enquêtes. Sanctionner sûrement mais avec parfois bienveillance. Une petite mutation vous conviendrait-il ?

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